5.12.10

The Man from Earth

Je suis né 15 000 ans avant J-C. Dans une tribu du centre de l'Asie. Jeune j'étais humain. Avec le temps qui s'écoula, je devins différent. Vivre longtemps certes, mais qu'est ce que le temps quand on est homme de cro-magnon, quand on ne sait pas parler ou comprendre le monde qui nous entoure ?

Ma seule certitude était justement cette incompréhension. Mes compagnons disparaissaient, moi je restais. Très vite mes congénères m'exclurent. Moi le paria, le seul qui n'était point comme les autres. J'entrepris une longue errance à travers le monde. Jamais la mort ne vint me guetter. Jamais une blessure ne me fut fatale. Seul je pouvais marcher. J'ai sans doute traversé le monde, vu la manche alors qu'elle n'était point encore sous les eaux, visité les villages de la mer de Noire et rencontré le Bouddha.

Pourtant ce que je vous dis là je ne l'ai qu'appris plus tard. Bien plus tard. A une époque où la géographie fit son apparition, où les hommes commencèrent à comprendre le phénomène de la montée des eaux. Les guerres auxquelles j'ai participé. Les merveilles que j'ai vu s'ériger. Les civilisations que j'ai vu disparaitre. Tout cela n'est que le fruit d'un apprentissage tardif. L'expérience n'est rien sans la connaissance.

J'ai rencontré de grands hommes. Bouddha en fût un. Le seul qui de son temps me fît comprendre qu'il était grand. Sage, calme, ses préceptes me permirent d'accepter mon état. Homme immortel j'étais. Immortel je resterai. Je repris la route en direction de l'Europe, sur mon chemin, non loin de Bethleem et Jerusalem, j'ai essayé de transmettre les préceptes du Bouddha. Ils furent mal accueillis. Violemment rejeté par certains. Mais d'autres les suivirent, les interprétèrent faussement et en firent toute une histoire. Une erreur. Mon erreur.

L'homme n'a pas assez de recul, il n'a pas assez d'horizon non plus. Lorsque le recul devient suffisant l'horizon est trop court pour qu'il soit utile. Au contraire, sans recul, l'horizon est trop flou ou trop grand. La folie guette, attaque parfois, et mord de temps à autre. Si le monde moderne est ce qu'il est aujourd'hui, il est le fruit d'une mémoire collective. A défaut de ne savoir quoi faire, les hommes ont appris ce qu'ils ne devaient pas faire. Je n'y suis pour rien, et mon simple état de pion n'y changera rien.

Je suis en quête de connaissance, la reconnaissance ne m'intéresse que peu. Je suis à la recherche d'un semblable, mais lui non plus ne m'aidera pas. J'ai croisé l'amour, vogué sur l'amitié et sombré dans la tristesse. Ma vie n'est qu'une longue errance à la recherche de la personne que je suis. Même si je suis au dessus de tout les mortels, immunisé face à cette angoisse, cette pression de devoir faire les choses rapidement, je ne suis qu'un homme perdu comme tant d'autres. Qui suis je ? Que dois je faire ? Où vais je ? Pourquoi moi ? Je suis si banal et si extraordinaire à la fois.

Je ne suis au final qu'un humain comme tant d'autres.

1 commentaire:

  1. Choissis un theme "philosophique" ou peu importe et faisons un 2-in-1 pour voir =]

    Hugo B.

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