11.6.11

La Montagne Magique, sur les chemins du Kailash

C'est sur un fond sonore et devant une fenêtre visuelle débattant de la nécessité ou non d'un collège unique, entre une personnalité politique bavant de la sciure de bois et un commando d'élite dont la mauvaise foi n'a d'égal que celle d'un Taliban cultivant du pavot, que j’entreprends cet article, dont le titre, n'est autre que celui du documentaire que diffusait France 5 plus tôt cette soirée.

Écœuré par les révisions j'allumai la télé à la recherche d'une émission me permettant de m'évader, de faire le vide dans ma tête, ou juste quelque chose à écouter pendant que je surfais sur internet. Entre un numéro de jongle avec des chapeaux qui ne cassait pas des briques et ce Patrick Sebastien qui nous louait les merveilles du magicien suivant, un remake du Bigdeal sur la une et une série policière sur la 6 je ne savais que faire. Perdu dans un océan d'abrutissement.

Alors au détour d'un coup de zapette je tombe sur un documentaire, un couple partant en pèlerinage vers le Mont Kailash, lieu sacré pour plusieurs religions: l'hindouisme, le bouddhisme, le bön et le Jaïsnisme. Rien que ça.

Le voyage commence.

Les images filmées par ces deux acolytes nous emmenent de Katmandou, au Népal, vers le Tibet et plus tard les Terres sacrées du Kailash. Entre les temples pillés, les frontières policées et les joyeux tibétains que l'on croise, on ne reconnait pas le documentaire habituel. Ici il n'y a pas un angle d'attaque, pas de problématique à résoudre ou d'arguments à démontrer. Il s'agit d'un récit de voyage spirituel sur les traces d'une montagne sacrée.

La caméra s’arrête sur les habitants locaux, les montre s'amuser devant l'objectif avant qu'il ne pointe du doigt sur un livre les images du Kailash. Les gens, simples, sont heureux. A la fois émerveillés de voir des étrangers, qui plus est blancs, arborés des signes ostentatoires de leurs religions. L'amitié se partage malgré la répression féroce des Hans sur la liberté de culte du peuple tibétain. Le reportage a d'ailleurs cette force qu'il ne pointe pas du doigt, il ne fait que montrer des scènes, laisse les autochtones s'exprimer et, surtout, n'est que le témoignage de deux Français parti sur un chemin spirituel, l'un pour y faire le deuil de son frère décédé en Afghanistan, l'autre pour y chercher le changement.

De temples isolés en lacs sacrés des scènes de vies sorties d'ailleurs, comme ci le Tibet était une autre planète. Alors que le couple s'approche de ce chemin de pèlerinage, trois jours de marche autour du Mont Kailash, avec un col culminant à 5800 mètres, la vie semble là bas beaucoup plus paisible. On marche parce qu'on croit en quelque chose. Sorte d'issue de secours face à la répression chinoise. Bien loin de la complexité occidentale, de ces objectifs absurdes si complexes et si difficiles à atteindre. Là bas, ou là haut devrais je dire, on peut faire ces trois jours de marche en 18 parce que la foi pousse les gens à s'allonger sur le sol et à se relever à chaque pas.

La vie est absurde.

Après cette leçon de vie, de simplicité et de croyance, repasser sur la deux et écouter les blagues d'un Ruquier tournant de plus en plus souvent au niveau de la ceinture est d'une absurdité abasourdissante. Alors on vogue sur la toile à la recherche d'évasions, de page wikipédia en page wikipédia, on lit, sans doute pour oublier juste après, mais au moins on voyage, entre deux révisions d'examens, en espérant découvrir le monde plus tard.

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