24.7.10

American History X

Il y a maintenant sept années que j'ai vu pour la première fois American History X. J'avais alors 13 ans, c'était la fin de l'année, et notre aimable prof d'anglais nous avait demandé de choisir un film à regarder pour le dernier cours. Le but quand on a 13 ans et qu'on est un garçon c'est de pouvoir voir un film qu'on n'aurait normalement pas le droit de regarder. Un film violent par exemple. Un film qui bouscule la morale. Nous avons donc proposé Kill Bill et American History X. Notre prof ayant eu vent de la violence et de la quantité d'hémoglobine de Kill Bill nous refusa cette première proposition et choisit la seconde: Une histoire Américaine X.

Quand on a 13 ans et qu'on regarde un film comme celui-ci, on passe au travers de beaucoup de choses. On rigole lorsque qu'une insulte anti-sémite ou raciste fuse, on encourage les héros malheureux de ce films quand ils tabassent des pauvres noirs et surtout on essaye de ne pas être dégouté quand Derek écrase sauvagement la tête d'un cambrioleur, noir, sur le trottoir en face de chez lui. Pourtant cette scène est ignoble et appelle à la violence pure, celle sans aucun remords. Mais on a 13 ans et on est en classe, c'est donc à celui qui appréciera le plus la violence du film qui gagnera. Des discussions de famille autour de la table, du rapport entre un professeur et son élève, et surtout des multiples sources du racisme que le film présente ici il ne restera rien. Sans doute trop jeune pour comprendre, peut être aussi pour suivre les sous-titres et/ou comprendre l'américain.

C'est donc aujourd'hui, en fin de matinée que j'ai eu l'occasion de revoir ce film. Dans mes souvenirs cette pellicule était totalement inintéressante. Violence gratuite, méchanceté, scènes clichés des prisons américaines. Rien de bien folichon, rien pour me pousser à revoir ce film, chose que je fais rarement et seulement avec des films d'actions pures. Pourtant je ne zappai pas et m'installer confortablement pour revoir ce film. Pourquoi ? Peut être parce que deux jours auparavant j'avais eu une discussion surprenante entre amis. Tous originaires de différent pays, notre seul point commun était la hollande, la mère patrie de la tolérance (quelque peu en perdition). Notre débat commença à s'envenimer quand une des personnes à table voulu, pour illustrer son propos sur la liberté d'expression, provoquer notre ami d'origine Érythréenne en le traitant de nègre. Aucune pensée raciste derrière ses propos, juste la volonté de provoquer pour engager une discussion. Malheureusement le débat pris une dimension émotionnelle quand notre ami Érythréen se senti insulter par ses propos. Heureusement, éduqués que nous sommes (du moins davantage que les personnages d'American History X), il n'y eu pas de bagarre mais une vive discussion sur la nécessité de vouloir débattre à propos de sujets comme le racisme.

En effet ce film montre à quel point il ne peut y avoir de débat ou de discussion qui fasse évoluer les choses. Le racisme est avant tout une caractéristique de personnes mal éduquées et/ou de personnes attachées par leurs émotions à un tel sujet. Il est clair qu'il semble impossible de faire changer d'idées un personnage comme Derek, son père, prônant des idées racistes, tué lors d'un incendie dans un quartier a dominante noire. Ses fils vont alors vouloir le venger en devenant des têtes rasées. D'un racisme soft, représenté par le Père, un racisme légitime, va donner naissance à un racisme hyper violent dont l'idéologie malsaine est inacceptable. La ligne de séparation entre les deux est minuscule. Cette ligne, franchie dans un premier sens par Derek, sera franchie à nouveau lors de son passage en prison, sous l'effet d'un choc émotionnel aussi fort, le viol. Il y a donc de l'espoir, mais encore faudrait il que ce phénomène n'opére que d'un seul coté. Le cercle vicieux de la haine raciale et communautaire est multiple et concerne tout le monde, le pauvre Danny en fera les frais.

Ce film va beacoup plus loin qu'un enfant de 13 ans puisse ne jamais comprendre. De cette scène de violence familiale autour de la table, où les mots sont bien plus importants que les gestes, jusqu'au viol dans les douches, magnifier par des ralentis et un noir et blanc splendide, pour souligner le bien que ce crime fera par la suite, ce film est à la fois beau et horrible, et montre en expliquant les origines du racisme à quel point celui ci est complexe.

Bon visionnage cher lecteur.

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